Symposium 2001/31F 11 July 2001 English and French
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Colloque sur l'examen global de la série de
Recensements de la Population et de l'Habitat de l'an 2000:
Division Statistique
Département des Affaires Economiques et Sociales
Secrétariat des Nations Unies,
New York, 7-10 Août 2001
Mohamed Laghdaf Cheikh
MALAININE**
UNITED NATIONS STATISTICS DIVISION
Global Review of 2000
Round of Population and Housing Censuses :
Mid-decade Assessment and
Future Prospects.
New York, 7-10 August 2001
1. Contexte Général :
Jadis
pays des nomades et du nomadisme par excellence, la Mauritanie a connu depuis
son indépendance en 1960, une
sédentarisation spectaculaire de sa population nomade. En effet, les nomades
sont passés de 75% de la population totale en 1965 à 12% en 1988. Ils sont
estimés à un peu moins de 6% de la population totale en l’an 2000. Cette
sédentarisation rapide et sans précédent
s’explique par plusieurs facteurs, dont notamment la sécheresse qui a sévit durant les
décennies 1970 et 1980 et l’amélioration
des conditions de vie des populations, particulièrement dans le milieu
sédentaire; ce qui a encouragé les nomades à se sédentariser autour des
principaux centres urbains.
La Mauritanie jouit d’une expérience
relativement riche en matière de collecte des données. Cette expérience se
traduit par trois recensements généraux de la population et plus de dix enquêtes
spécifiques auprès des ménages.
Néanmoins, dans un pays en voie de
développement comme la Mauritanie, le recensement, pour une population de 2 500
000 habitants dispersée dans un vaste territoire de plus d’un million de km²,
demeure toujours une opération laborieuse est très coûteuse. L’opération est
beaucoup plus délicate quand il s’agit d’une population nomade, estimée à moins
de 150 000 habitants qui se déplace continuellement dans un territoire
immense ; et parfois hors des limites administratives du pays.
C’est dans ce contexte qu’intervient le 3ème
Recensement Général de la Population et de l’Habitat organisé en novembre 2000
pour les populations sédentaires et en avril 2001 pour les nomades. Cette note
présente brièvement les grands aspects méthodologiques du recensement en milieu
nomade ainsi que les principales
difficultés rencontrées.
2 Méthodologie
2.1
Etape préparatoire :
Une
série d’activités préalables au dénombrement a été réalisée dans le but d’assurer
un dénombrement exhaustif et sans double comptage. Il s’agit notamment de la
cartographie censitaire, du recensement pilote et de la campagne de
sensibilisation.
i- Cartographie : Son objectif pour
le milieu nomade était de fournir la liste et la localisation par coordonnées
géographiques des points d’eau fréquentés par les nomades sur l’ensemble du
territoire national. Cette opération a nécessité six mois de travaux de terrain
(de mars jusqu'au août 2000) et a mobilisé 11 équipes mobiles. Au terme de
cette période, environ 3000 points d’eau ont été repérés.
ii- Recensement pilote : Le recensement pilote nomade a été organisé en mai
1999. Il vise à tester l’ensemble du
dispositif méthodologique pour le recensement en milieu nomade et à évaluer la
charge du travail des enquêteurs. Au terme de l’exploitation des résultats du
recensent pilote, des amendements méthodologiques importants ont été portés à
la méthodologie générale ; il s’agit, entre autres, de :
Ø L’élaboration d’un questionnaire spécifique pour le milieu
nomade;
Ø La confirmation de
la présence des nomades sur le territoire national pour la période allant de
février à mai ;
Ø La validation du choix de la méthode des points d’eau.
iii- Campagne de sensibilisation : La campagne de
sensibilisation dans le milieu nomade se basait sur des vecteurs seulement, à
savoir : la radio rurale et le
rôle de l’administration, notables et
élus locaux. Les autres vecteurs de sensibilisation, tels que télévision,
journaux, meetings populaires, … etc. ont été exclus, car peu efficaces en
milieu nomade.
De par leur tradition d’hospitalité, les
nomades ont fait preuve d’une
collaboration parfaite avec les équipes du recensement, non seulement en
fournissant les informations sollicitées mais très souvent en venant à l’aide des équipes chaque fois que le besoin se manifeste.
2.2
Collecte des données
i- Support de collecte : Il s’agit du
questionnaire, des différents manuels d’instructions et des fiches techniques.
Le questionnaire comportait les variables essentielles sur la nuptialité, la
fécondité, la mortalité et les autres caractéristiques socioéconomiques de la
population. Aussi, le questionnaire
comprend un volet spécial sur les conditions de vie en milieu nomade en terme d’habitat, d’intention de sédentarisation,
possessions du ménage et type de bétail élevé.
ii- Période et durée de la collecte : Etant donné
l’intense mobilité des nomades, le choix de la période est incontestablement déterminant
dans la réussite du recensement. Le dénombrement des nomades s ‘est
déroulé du 10 mars au 20 avril 2001, tandis que celui des sédentaires s’est
déroulé du 1er au 15 novembre 2000. Le choix de la période a été arrêté suite à des
concertations avec les autorités locales et en s’inspirant de l’expérience acquise lors des
opérations de collecte antérieures.
L’exploitation du recensement pilote a confirmé ce choix.
En
effet, elle correspond à une période de stabilité relative des nomades autour des
points d’eau et surtout c’est une période où presque tous les nomades se
trouvent encore à l’intérieur du territoire national avant de commencer leurs
mouvements de transhumances vers les pays limitrophes, notamment le Mali et le
Sénégal.
La
transhumance diffère d’une région à une autre et suivant le type de bétail élevé. Généralement, elle
commence vers le mois de juin et dure jusqu’en octobre de chaque année.
La méthode de collecte la plus appropriée au
contexte mauritanien est celle dite méthode
des points d’eau. Le principe de cette méthode est de repérer les
campements nomades autours des points d’eau et ensuite procéder au recensement
des nomades, campement par campement et ménage par ménage, pour chaque point
d’eau à part. Pour des raisons de contrôle et afin d’éviter les doubles
comptes, un reçu de dénombrement est livré à chaque ménage après son
recensement.
Suite aux résultats de la cartographique
censitaire, le pays a été divisé en 8 zones de recensement nomade (composée
chacune d’une ou plusieurs régions). Chaque zone est subdivisée à son tour en
un ou plusieurs secteurs. La zone est supervisée par un responsable du Bureau
Central du Recensement (BCR) nommé à cet effet. Le secteur est, quant à lui,
affecté à une équipe composée de 3 agents recenseurs, un guide, un chauffeur et
un chef d’équipe.
Les questionnaires sont remplis sur le
terrain par l’agent recenseur par interview direct avec le chef du ménage ou
autre membre adulte du ménage. Le chef d’équipe est chargé de contrôler
systématiquement et quotidiennement tous les questionnaires remplis sur le
terrain.
Etant donné l’importance des distances à
parcourir, les équipes étaient dotées de tous les moyens nécessaires (véhicules
tout terrain, carburant, eau, … etc). Aucun problème n’a été signalé dans ce
sens. Aussi, les équipes opérant dans des secteurs dit difficiles (12 sur les 26 secteurs) ont été dotées chacune d’un
GPS et d’une antenne radio multifréquence liée à la base centrale installée
dans les locaux du BCR à Nouakchott. Au
totale 28 équipes mobiles ont étés composées. 26 opérationnelles sur le terrain
et 2 de réserve.
3
Principales
difficultés
Au
cours du recensement plusieurs problèmes ont émergé. Les plus importants
étaient :
3.1 Difficultés d’accès à certains points
d’eau et campements dans les zones arriérées du désert. Dans ces zones, les
équipes partaient avec des véhicules dotés d’antennes radio, de GPS et surtout
suffisamment d’eau. Les équipes
informent régulièrement le BCR et les autorités locales de leur
position.
3.2 Mobilité des nomades hors des frontières du
pays : certaines tribus nomades, certes d’effectif faible, ont été signalées hors du territoire
national.
3.2 Absence
d’une EPC pour le milieu nomade : pour ce problème deux mesures ont
été prises, à savoir :
Ø Garanties administratives: des réunions sanctionnées
par des PV signés par les autorités locales attestant que, après analyse des résultats présentés par les équipes, celles-ci
certifient que selon leur connaissance du terrain, les résultats présentés par
les équipes sont exhaustifs et aucun campement nomade ni point d’eau n’a été
omis. Il est à signaler ici que les autorités ont généralement une bonne
connaissance de leur région.
Ø Garanties techniques : des missions
d’inspection sur le terrain, tout au long de la période de la collecte, ont
étés menées par des responsables du BCR
et ont permit de s’assurer de qualité des données recueillies sur le terrain.
Un expert du FNUAP a participé à certaines de ses missions.
4. Débats :
Au terme de cette note sommaire, les points
suivants sont soulevés aux débats:
1. Vu les spécificités
du milieu nomade, notamment en ce qui concerne la mobilité des populations et
les coûts élevés de la collecte, est-il
possible de réaliser une enquête de couverture pour le milieu nomade ? Si
Oui, comment ? Si non, ne faut t-il pas définir des méthodes plus
appropriées au milieu nomade pour évaluer les erreurs de couverture et la
qualité des données ?
2. Même si les
recensements ne concernent que les résidents à l’intérieure du territoire
national, faut t-il impliquer les nomades nationaux se trouvant au moment du
dénombrement dans le territoire des pays limitrophes ; étant donné que le
concept résidence, ne signifie pas
grand chose en milieu nomade, et que le nomadisme ne reconnaît guère les frontières
entre Etats.
* This document was reproduced without formal editing
** National Statistical Office, Mauritania. The views expressed in the paper are those of the author and do not imply the expression of any opinion on the part of the United Nations Secretariat
[1] Chief of Population Census Section/NATIONAL STATISTICAL OFFICE/ MAURITANIA